Et si nous réenchantions le monde ?
Ce dont le monde manque cruellement, c'est de magie et d'amour...
Bonjour les poètes !
J’espère que vous avez passé un beau mois de septembre, plein d'amour et de joie, et que vous avez trouvé de nombreuses sources d'émerveillement. Et que tout cela vous a inspiré.
J’avoue que pour ma part, cette prolongation du beau temps et de la chaleur m’a donné une énergie folle et l’envie de faire plein de choses, de sortir, de me promener, de voir du monde, de me lancer dans de nouveaux projets. Pas du tout une énergie automnale, donc : je crois que je ne suis pas prête.
Malgré pas mal d’aléas, je me suis sentie plutôt alignée en ce mois de septembre. Pourtant l’autre jour quelque chose est venue me titiller, et me mettre un peu en colère. Et il faut toujours non pas se laisser conduire par sa colère, mais l’écouter, car elle nous indique souvent quelque chose d’important. Et ma colère est née d’une réflexion lue je ne sais plus où, qui disait en substance que les histoires, les mythes, les croyances spirituelles n’étaient plus nécessaires dans le monde d’aujourd’hui, et que la science suffisait car elle expliquait tout. Et tout cela pris au milieu de moqueries condescendantes vis-à-vis de ceux qui croyaient en quelque chose sans faire de tort à personne ni forcer qui que ce soit (ce deuxième point est important, évidemment).
La science explique tout ?
Et bien, déjà, c’est faux. Que la science ait progressé, et progresse chaque jour, c’est indéniable, et oui, elle explique beaucoup de choses qui étaient mystérieuses dans le passé. Mais ce qu’elle sait reste une goutte d’eau dans l’océan de ce qu’elle ne sait pas. Beaucoup de choses ne s’expliquent pas, et peut-être qu’elles s’expliqueront un jour grâce à l’esprit scientifique, qui pour moi est un esprit de curiosité et d’ouverture à ce qu’on ne comprend pas. Peut-être pas.
Et les deux, explication scientifique et explication poétique, ne sont, du reste, pas incompatibles, elles peuvent se nourrir l’une de l’autre, et de nombreux scientifiques le prouvent, qui gardent ce sens du merveilleux au cœur même de leurs recherches. Je pense en particulier à Hubert Reeves, poète des étoiles, ou bien sûr Albert Einstein :
Il n’y a que deux façons d’appréhender sa vie. On peut vivre comme si le miracle n’existait pas. Ou alors vivre comme si toute chose est un miracle.
Il ne s’agit pas de rejeter la science. Si je suis malade, je vais chez le médecin (si j’en trouve un) et je prends des médicaments. Mais je tire les cartes, je crois au pouvoir énergétique des pierres et je fais des rituels à la pleine lune. Parce que cela me plaît et me donne de la joie, et je n’aime pas qu’on se moque de moi à ce sujet.
Et, malgré tout, je crois que l’humain est fait ainsi : il préférera toujours la force du mythe, de la poésie, des histoires, à la froideur de la science, tout intéressante soit-elle. Cet été, j’ai visité un lieu, en Dordogne, qui s’appelle le roc branlant. Il s’agit d’un gros rocher posé sur une plateforme et que, si on se place à un endroit, on parvient à faire bouger malgré son poids. D’où son nom. Ce rocher fait partie d’un plus vaste ensemble, au sujet duquel courent de nombreuses légendes autour du Diable qui se serait fait passer pour un moine et dont les rochers constitueraient le chapelet. Et le lieu serait une des entrées de l’Enfer. Evidemment il existe aussi une explication géologique à cet étrange assemblage, et elle est d’ailleurs très intéressante. Mais je préfère la légende : elle véhicule beaucoup plus d’émotions.
Et s’il y a quelque chose qui résistera toujours à la science, je l’espère en tout cas, c’est ça : les émotions. Et l’amour en particulier. On essaie de l’expliquer d’un milliard de façons avec la biologie, la sociologie, que sais-je encore, mais il s’échappe toujours et conserve son mystère. Dans Homo Deus, Yuval Noah Harari imagine un monde soumis aux algorithmes. L’humain n’a plus de choix à faire : l’algorithme lui dit toujours quel est le meilleur. L’amour devient alors rationnel. Je crois que cela n’arrivera jamais, et je l’espère. A l’algorithme qui dira “c’est X qui te convient”, l’humain répondra toujours “oui, mais c’est Y que j’aime”.
Et je lutterai toujours pour ce monde où l’irrationnel, la magie, le mystère ont leur place. Je ne sais même pas, par exemple, si je crois réellement à l’astrologie, au tarot, aux pierres ; certaines choses me troublent néanmoins, et cela suffit à me donner envie d’y croire, parce que j’ai envie que tout cela ait un sens et que je serais trop triste si je pensais qu’il n’y en a pas. Désespérée, aussi. Et je pense surtout qu’il ne faut pas enlever ça à l’être humain : sa capacité à croire au merveilleux, c’est ce qu’il a de plus beau, et c’est ce qu’il faut cultiver. C’est ce que disait Romain Gary :
L’homme sans mythologie de l’homme, c’est de la barbaque… On a volé à l’homme sa part imaginaire, mythique, et cela ne donne pas un homme vrai, cela donne un homme infirme et mutilé, parce qu’il n’y a pas d’homme sans part de poésie, il n’y a pas d’Europe sans part d’imaginaire ; sans la “part Rimbaud” ce n’est pas le règne du réalisme, c’est le règne du zéro.
Alors voilà, moi je veux un monde poétique, un monde riche, un monde d’histoires, qui a du sens. Peut-être que c’est juste une illusion… et alors ? Moi j’ai besoin de magie, et c’est, je crois, ce qui manque de plus en plus, en ce moment !
Les jolies choses du mois :
J’ai beaucoup aimé l’article de Josée-Anne “un blogue en 2023 ?” : j’ai toujours tenu bon et continué à publier sur mon blog, qui est mon piler, même si tout le monde les a peu à peu désertés pour d’autres plateformes, et je trouve intéressant ce mouvement progressif de retour vers du contenu plus long et profond, même si j’adore Instagram. Il se trouve aussi que José-Anne me touche beaucoup.
Dans le même ordre d’idées, une réflexion sur le contenu long et étoffé, j’ai beaucoup aimé cette enquête de France Inter sur les newsletters. Un sujet d’ailleurs à creuser !
Enfin, je me suis passionnée pour cette enquête de Slate sur la section “Enfers” des bibliothèques, qui m’a appris plein de choses !
Du côté du voyage poétique :
Je reçois de plus en plus de très beaux retours sur le journal Une année d’écriture, qui contient 365 propositions variées pour écrire tous les jours pendant un an. Je suis ravie de voir que cette petite page d’écriture est devenue une habitude quotidienne pour certains, et je suis absolument convaincue que cela aussi participe à réenchanter le monde. Si vous l’avez adoptée également, n’hésitez-pas à m’envoyer un message pour m’en parler (et à laisser un commentaire sur Amazon : cela m’aide vraiment !)
Le Journal d’émerveillement sorti il y a un mois commence tranquillement à vivre sa vie, mais je n’ai pas encore de retours et là encore, je serais ravie, si vous vous êtes lancé dans cette aventure de l’émerveillement quotidien, que vous me disiez ce que vous en pensez !
Merci de m'avoir lue jusqu'au bout ! Si cette lettre vous a plu, n’hésitez pas à la commenter et à la partager !
Je vous souhaite un très beau mois d’octobre, et je vous donne rendez-vous pour la prochaine Escale Poétique le 5 novembre ! En attendant vivez poétiquement, vibrez haut, et cultivez la joie et l’émerveillement !